“faire les choses à moitié n’est pas une option”
Bienvenue dans l’univers gourmand de Rue Traversette, la conserverie qui tartine grave !
Nichée au cœur de l’Hérault, cette marque artisanale de tartinables végétaux ne manque ni de saveur ni d’humour franchouillard dans son branding. Chaque détail est pensé pour refléter l’ADN unique de Rue Traversette.
Rencontre avec Stéphane Strobl, son fondateur.
Quelles ont été vos motivations pour vous lancer Rue Traversette ?
Après avoir passé 15 ans comme bouchonnier pour une entreprise familiale de bouchons en liège, j’ai ressenti une profonde lassitude. J’avais besoin de créer de mes propres mains, de laisser libre cours à ma créativité.
Un jour, en cuisinant avec des citrons confits, j’ai eu un déclic. J’ai décidé de quitter mon emploi et de me former pendant un an en transformation alimentaire. C’est ainsi que j’ai lancé mon propre atelier, démarrant cette aventure entrepreneuriale à partir de zéro.
Ce que j’aime par-dessus tout, c’est imaginer des recettes simples et délicieuses à partir d’ingrédients du quotidien. Cela fait maintenant 20 ans que je suis passionné par cette aventure, toujours animé par la volonté d’innover et de partager mes créations culinaires.
Aujourd’hui, Rue Traversette emploie 11 personnes et collabore principalement avec des revendeurs pour offrir nos tartinables végétaux artisanaux.
Quels ont été vos challenges au début ?
Mes débuts ont été marqués par plusieurs défis importants. Initialement, je prévoyais de vendre mes produits sur les marchés locaux, mais j’ai vite réalisé que cette approche ne suffisait pas à en vivre.
C’est alors que j’ai pivoté vers les épiceries fines et les cavistes. Pour me faire connaître, j’ai démarché les épiceries avec des échantillons et j’ai participé à des salons spécialisés. Mes premiers clients ont été les Caves Paul Riquet à Béziers et l’huilerie coopérative de Clermont-l’Hérault.
À cette époque, j’ai commencé à bénéficier de la visibilité dans la presse écrite. Les réseaux sociaux n’existaient pas encore et la concurrence sur ce type de produits était limitée.
À mes débuts, je me concentrais sur les aides culinaires et les condiments. Les recettes trop complexes, comme la clémentine confite au réglisse, n’ont pas rencontré le succès escompté. Les clients les achetaient rarement plus d’une fois.
C’est alors que j’ai réalisé un virage stratégique en me spécialisant dans les tartinables de légumes. À cette époque, en dehors de la tapenade, il n’y avait pas grand-chose sur ce marché et je pense avoir innové dans l’offre de tartinables.
La création des tartinables a été un tournant décisif pour le développement de Rue Traversette. Ce produit apéritif a élargi notre clientèle et diversifié notre offre sur un créneau qui se limitait auparavant aux traditionnels chips et cacahuètes.
Quelle stratégie de communication utilisez-vous ?
Nous concevons nos designs en interne. On a pris le parti de faire des habillages simples en transparence pour que le produit se voit car c’est notre premier argument.
J’y mets beaucoup de moi-même dans cette marque. J’adore inventer les recettes, concevoir les visuels et les étiquettes avec cette touche d’humour qui me caractérise.
Je travaille beaucoup à l’émotion, au ressenti. Je n’ai pas mis en place ce branding par choix stratégique, mais parce que c’est ce qui me fait vibrer, le côté humain.
Je m’efforce de développer l’identité de la marque de manière cohérente pour qu’on nous reconnaisse des autres confrères. Nous restons fidèles à notre ADN et nous nous engageons pleinement dans tout ce que nous entreprenons. Pour nous, faire les choses à moitié n’est pas une option.
L’objectif n’est pas de plaire à tout le monde mais d’exprimer un parti pris. L’important est d’être clair dans ce qu’on propose.
Au début, certains revendeurs étaient sceptiques à propos de nos produits. Ils trouvaient nos emballages attrayants mais se méfiaient du goût. On me faisait souvent la remarque : “ah c’est joli, mais souvent quand c’est joli, ce n’est pas bon”. Pour surmonter ces préjugés, nous avons mis l’accent sur la dégustation et sur la transparence quant à nos méthodes de travail et à l’origine de nos ingrédients.
Ce dialogue ouvert avec nos clients, notamment les épiceries, est crucial. Peu de gens achètent nos produits sans les avoir d’abord découverts et appréciés.
C’est là toute la complexité de notre métier artisanal : ce qu’il y a derrière l’étiquette est tout aussi important que son apparence.
Quelle stratégie de communication avez-vous essayée et qui s’est avérée inefficace pour vous ?
Nous avons constaté que la publicité ne nous apporte aucun bénéfice concret.
Autre anecdote, il y a quelques années, nous avons lancé deux produits : une « tartine pour homme » et une « tartine pour femme ». Malheureusement, cette initiative a provoqué un véritable bad buzz sur les réseaux sociaux pendant deux semaines.
Nous avons été pris à partie par des groupes qui critiquaient vivement la notion de produits genrés. Cette expérience a été très difficile à vivre car il y a eu beaucoup de violence, d’agressivité, de menaces et même des menaces de mort !
Malgré la controverse et la violence des réactions, ce coup de communication inattendu nous a apporté une visibilité considérable.
Paradoxalement, les deux produits sont devenus par la suite parmi nos meilleures ventes.
À l’origine, mon intention était d’aborder les clichés masculins et féminins avec humour et second degré à travers ces recettes. Malheureusement, cette nuance n’a pas été perçue par tous, ce qui a exacerbé la situation. Nous avons essayé de répondre aux critiques, mais nos réponses étaient mal interprétées, alimentant encore plus la controverse.
Finalement, le bad buzz s’est dissipé de lui-même lorsque nous avons cessé de réagir.
Comme le dit l’adage, « qu’on parle de vous en bien ou en mal, l’essentiel c’est qu’on parle de vous ».
Quels sont vos projets pour Rue Traversette ?
Nous avons récemment acquis le terrain voisin pour agrandir notre atelier, améliorer nos conditions de travail et offrir un environnement plus agréable. Un jardin aromatique est prévu sur le toit.
Notre objectif n’est pas de devenir une industrie, mais de préserver notre caractère artisanal. Nous attachons une grande importance au travail manuel et au contact direct avec nos produits.
Parallèlement, nous envisageons de développer notre présence à l’international. Cette expansion représente un défi particulier car l’apéritif, tel qu’il est pratiqué en France, est moins courant ailleurs. Pour répondre à ce défi, nous travaillons à développer une gamme de produits plus adaptée à l’exportation.
Concernant le festival de La Sainte Tartine, c’est le seul événement que j’organise car ça prend énormément de temps. On a plein de super retours et ça fait très plaisir. J’aime l’améliorer d’année en année.
Retrouvez les tartinables de chez Rue Traversette ici
Crédit photo @France3