Je suis allée à la rencontre de Marion et Romain de la Ferme des Homs.
Ils produisent une gamme diversifiée de produits allant des spiritueux aux vinaigres, des tisanes aux sels et condiments, le tout élaboré à partir de plantes aromatiques cultivées avec amour sur leurs terres.
Installée sur le plateau du Larzac à 850 mètres d’altitude. Leur exploitation se trouve au cœur du Parc régional des Grands Causses. Une zone classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2011.
Cet emplacement unique a été autrefois le théâtre de la lutte paysanne contre l’extension du camp militaire dans les années 70, ajoutant une dimension historique et engagée à leur ferme.
Leur produit phare, le fameux Pastis des Homs, a remporté le prestigieux prix d’excellence lors du salon de l’agriculture 2017. Un hommage bien mérité à leur savoir-faire exceptionnel et à l’authenticité de leurs produits.
C’est un plaisir de voir une ferme alliant tradition, engagement et excellence culinaire. Une véritable pépite dans notre patrimoine gastronomique.
« Cette nouvelle identité visuelle, c’était pour nous, une façon de s’approprier la production, d’y mettre de nous même »
Quel est votre parcours ?
Nous sommes deux jeunes ingénieurs agri-agro. Nous avons travaillé quelques années dans le milieu viticole et les énergies renouvelables avant de chercher un projet agricole à reprendre.
Comme je suis du coin à la base, j’ai su que Pierre-Yves et Maria voulaient prendre leur retraite et étaient à la recherche de successeurs. Nous avons donc déposé un dossier. C’est comme ça, que nous nous sommes installés en 2016.
Ici, nous sommes dans une situation particulière, unique en France.
Les bâtiments et les terres de l’exploitation, ainsi qu’une soixantaine de fermes sur le Larzac, appartiennent à l’État. Il les avait achetées pour l’extension du camp militaire.
Tous ceux qui les occupent ne sont que locataires. Tout est encadré par un bail de carrière. Ce bail garantit notre présence jusqu’à notre retraite, tant que nous conservons le statut d’agriculteur. Cette disposition offre une sécurité bien plus grande que celle d’un fermage classique, facilitant ainsi notre installation et notre engagement dans cette aventure agricole passionnante.
Comment est-ce que vous produisez ?
Nos plantes sont cultivées sans engrais, ni produits chimiques . Nous utilisons des méthodes telles que le paillage et la culture sur buttes, contribuant ainsi à un écosystème sain et équilibré.
Au laboratoire, nous utilisons ensuite différentes techniques : macération, fermentation, distillation, afin de mettre en valeur les plantes et fruits sauvages.
Nous sélectionnons avec soins les fournisseurs des matières premières extérieures bio entrant dans la composition de nos produits (alcool, vin, vinaigre, sucre, sel…) en privilégiant le local.
Nous élaborons une large gamme d’apéritifs, de vinaigres, de sels, de sirops tisanes…
Comment s’est passée la transmission ?
Certes, la transition entre l’ancienne génération, représentée par Pierre-Yves et Maria, et notre arrivée à la ferme a été une période d’adaptation intense. Ils nous ont légué bien plus que des terres cultivables ; ils nous ont transmis leurs précieuses recettes et nous ont guidés tout au long de deux années cruciales. À cette étape, nous étions véritablement des apprentis, avec tout à apprendre.
L’héritage que nous ont laissé les anciens locataires s’est avéré être une base exceptionnelle. Grâce à eux, nous avons bénéficié d’une avance considérable, économisant littéralement une décennie de recherche et de développement. Ils avaient établi l’ensemble des fondations, des recettes au réseau de revendeurs, offrant ainsi une infrastructure solide sur laquelle construire notre avenir agricole.
Cependant, il est important de souligner que, lors de notre prise en charge de la ferme en 2016, tout était en quelque sorte figé dans le temps. Pierre-Yves et Maria, bien que fournissant une base solide, avaient atteint un stade où ils ressentaient une certaine fatigue et ne manifestaient plus le désir de poursuivre le développement de la ferme.
Notre arrivée a marqué le début d’un nouveau chapitre, avec le défi passionnant de rafraîchir et de revitaliser l’exploitation tout en respectant l’héritage précieux qu’ils nous avaient confié.
Je vois que vous avez travaillé votre univers visuel. Pouvez-vous m’en dire plus sur votre démarche ?
Nous avons commencé à travailler sur nos visuels deux ans après la transmission. C’était principalement, une façon de s’approprier la production, d’y mettre de nous même.
En effet, les deux premières années nous nous sommes surtout focalisés sur la modernisation de l’outil de production et les formations.
Les étiquettes existantes un peu retravaillées ont fait le job le temps de la transmission. Mais c’est vrai que certains professionnels nous ont fait la remarque que les étiquettes étaient vieillottes et qu’il serait temps de faire quelque chose.
Nous avons fait appel aux Ateliers Sauvages, une graphiste locale, basée en Lozère. Nous l’avons contacté, car nous avions vu son travail pour la Brasserie de la Jonte et nous aimions son univers.
La création de notre identité visuelle s’est révélée être un chantier conséquent. Nous ne nous attendions pas à consacrer autant de temps à trouver une identité qui refléterait parfaitement notre vision des paysages du Larzac et des plantes locales.
Le processus a duré près d’un an, avec de nombreux échanges et ajustements. Il a également représenté un investissement significatif.
Aujourd’hui, grâce au travail de Sophie, l’illustratrice des l’Atelier Sauvage, nous disposons d’une banque d’illustrations comprenant toutes les plantes que nous utilisons. Cela facilite grandement la création de nouveaux visuels lorsque nous élargissons notre gamme de produits.
Qu’est-ce que vous a apporté cette nouvelle identité ?
Les retours de nos clients suite à la refonte de nos étiquettes ont été extrêmement positifs. Nous recevons fréquemment des compliments élogieux de la part de notre clientèle, qui apprécie particulièrement la nouvelle esthétique.
Notre démarche était avant tout d’y insuffler notre personnalité. C’était la dernière chose que nous n’avions pas encore modifier de nos prédécesseurs.
Parlons un peu de vos projets futurs. Quels sont vos objectifs ?
Nous ne cherchons pas spécialement à étendre nos points de ventes, car notre production est limitée. Nous produisons actuellement 10 000 bouteilles de notre best-seller, le pastis.
Nous souhaitons développer de nouveaux alcools. Nous avons déjà toute la structure en place : le matériel, les alambics, les licences, les agréments, donc autant capitaliser dessus.
Le potentiel des plantes aromatiques que nous cultivons est véritablement illimité. Nous voyons dans l’exploration de nouvelles créations alcoolisées, un excellent moyen de valoriser notre production. Pour concrétiser ces idées, nous collaborons étroitement avec un laboratoire de recherche et développement pour le développement des recettes.
D’ailleurs, nous sommes ravis d’annoncer la récente sortie de notre Gin.
Vous pouvez retrouver leurs produits sur leur site internet
Crédit photo @Frédéric Garrigues