Les consommateurs sont de plus en plus sensibles à l’origine des produits. La fabrication Française est même un critère prioritaire pour 58% des personnes interrogées dans la dernière enquête d’Opinion Way commandée par Première Vision.

Que ce soit par conviction écologique en achetant local, par conviction politique pour favoriser les emplois français, pour la qualité et défendre nos savoir-faire ou pour toutes ces raisons à la fois.

Le made in France connait un regain d’intérêt depuis le covid et devient un argument de vente.

Les chiffres du salon du made in France parlent d’eux même. Il est passé de 15000 visiteurs en 2012 à 100000 visiteurs en 2022.

Fabriqué en France, conçu en France, que dit la loi ?

Face à cet attrait pour le made in France, des petits drapeaux bleu blanc rouge ont fleuri sur les étiquettes et les emballages. Mais tous ces produits sont-ils réellement fabriqués en France ?

Pour doper les ventes, certains industriels n’hésitent pas à jouer avec les mots et les symboles représentant la France.

On parle alors de Frenchwashing.

Pour protéger les consommateurs des entreprises qui abusent de l’affichage made in France, la loi EGALIM 2 du 19 octobre 2021 restreint l’utilisation du drapeau français. Il n’est plus possible de faire figurer un drapeau français, une carte de France ou tout symbole représentatif de la France sur les emballages alimentaires lorsque les ingrédients principaux ne sont pas d’origine France.

Mais le marquage de l’origine d’un produit non alimentaire n’est pas obligatoire en Europe.

Le fabricant peut apposer la mention « Made In France » ou « Fabriqué en France » si une partie significative de la fabrication du produit a été réalisée en France.

La complexité des processus industriels rend difficile la détermination de l’origine d’un produit. Doit-on prendre en compte l’origine des matières premières, les étapes de fabrication, la recherche et le développement ?

Pour répondre à la hausse des demandes autour du « Made In France », le Somif, Service de l’Origine et du « Made in France » a été inauguré en octobre 2022, dans les locaux de la direction régionale des douanes de Clermont-Ferrand.

Comment valoriser ses produits Made in France ?

Fabriquer en France, c’est un engagement et c’est aussi le parcours du combattant !

Parvenir à fabriquer en France est une grande fierté pour les marques qui relèvent le défi.

Montrer son engagement dans le made in France grâce aux labels

Des labels permettent de valoriser l’origine de la fabrication de vos produits. Cependant obtenir un label a un coût non négligeable et n’est pas à la portée des petites marques. Toutefois, vous pouvez bénéficier du label de l’atelier dans lequel vous faites fabriquer vos produits.

Il en existe 3 principaux :

Origine France Garantie

La certification Origine France Garantie est délivrée annuellement par un organisme certificateur indépendant. Pour l’obtenir, les produits doivent prendre leurs caractéristiques essentielles en France et le prix de revient unitaire doit être français à hauteur de 50% minimum.

Entreprise du Patrimoine Vivant

Le label Entreprise du Patrimoine Vivant est une distinction accordée par l’État, qui récompense l’excellence des savoir-faire des entreprises françaises. Il met en lumière la richesse du patrimoine artisanal et industriel français. Il honore les entreprises juger comme étant des références au sein de leur secteur d’activité. Parmi les critères à remplir pour obtenir ce label, on trouve la fabrication française mais aussi le fait d’utiliser un savoir-faire et des techniques rares. Ce label est valable 5 ans et s’applique à l’entreprise dans sa globalité (et non à un unique produit).

France Terre Textile

France Terre Textile est un label du domaine du textile. Il garantit qu’au moins 75% des étapes de fabrication du produit se sont déroulées en France. Ce label met en lumière l’engagement des entreprises ayant choisi d’utiliser des matières premières françaises et de conserver un lieu de production régional pour la majorité des étapes d’un produit textile (filature, tissage, tricotage…), favorisant les circuits courts.

Montrer son engagement dans son identité visuelle.

Le made in France est un argument de vente non négligeable. Mais s’il est clair qu’il faut communiquer sur ses choix et ses valeurs, doit-on l’intégrer dans son identité visuelle ?

Il y a deux écoles :

Les marques qui misent tout sur le bleu blanc rouge et les clichés sur la France dans leur identité visuelle comme « Tranquille Emile », et celles, plus sobre, qui optent pour une identité en accord avec leurs valeurs sans tomber dans les clichés et les stéréotypes comme « Sème ».

Pour vous aider, vous pouvez vous poser cette question : Vos clients y sont-ils sensibles ?

En effet, selon les secteurs, la valorisation de l’origine dans votre identité visuelle peut s’avérer plus ou moins pertinente.

Consultez votre clientèle.

En discutant avec des marques. Certaines m’ont fait part, que même si les clients soutiennent et adhérent à la démarche, le bleu blanc rouge les rebute. Les clients veulent avant tout du style et que ça réponde à leurs besoins.

L’utilisation frauduleuse du drapeau Français rend méfiant le consommateur. En exagérant sur le côté français dès votre identité visuelle vous pourriez susciter la méfiance plutôt que la confiance.

Ne vous enfermez pas.

Lorsque vous créez votre identité visuelle, ne vous enfermez pas avec un logo trop représentatif. Vous ne savez pas comment va évoluer votre marque, ni comment va évoluer la loi.

Pour protéger le consommateur, la loi évolue constamment. Qui dit que demain vous validerez toujours les critères pour pouvoir mentionner l’origine française de vos produits ?

Vos pourriez donc être obligé de refaire votre identité.

L’exemple de Toblerone

Toblerone contraint de changer son logo !

Mais connaissez vous la raison ?

Toblerone n’est plus assez Suisse.

Toblerone retire le mont Cervin, l’emblématique montagne Suisse, de son emballage, car une partie de la production est délocalisée à Bratislava, en Slovaquie.

La législation « Swissness », adoptée en 2017, impose aux fabricants, qu’au moins 80 % du poids des matières premières utilisées doit provenir de Suisse, puis l’étape de transformation qui confère au produit ses caractéristiques essentielles doit se faire au pays.

Ainsi la montagne, le drapeau suisse et l’appellation de Suisse seront retirés.

A la place du mont Cervin, figure un logo de montagne modernisé et simplifié. La nouvelle image a commencé à être déployée à l’automne dernier.

En effet, le « Swiss made » aussi, fait vendre.

“Le bonus engendré par la marque suisse atteint jusqu’à 20% du prix de vente pour certains produits – et même jusqu’à 50% pour les articles de luxe – par rapport à des biens comparables d’autres origines, ont montré plusieurs études. Les services aussi sont concernés.

La valeur du label suisse attire les convoitises et suscite de nombreux abus, autant au niveau national qu’international, ce qui nuit à sa crédibilité. Pour préserver la plus-value générée par l’indication de provenance Suisse et par la croix blanche sur fond rouge, les critères de leur utilisation ont été clarifiés et leur protection renforcée.”

Peut-on lire sur le portail des PME Suisse concernant l’étiquetage.

En conclusion

Bravo de vous lancer dans l’aventure et de défendre la fabrication Française et ses savoir-faire ! De participer à la relocalisation, ou de remettre en route de vieilles machines endormies.

Dans tous les cas, gardez en tête que l’origine d’un produit ne suffit pas à compenser les faiblesses éventuelles (qualité, design, fonctionnalité, rapport qualité/prix…).

Elle doit être considérée comme un argument supplémentaire de vente.

Un consommateur achète avant tout si votre produit lui procure une émotion, un coup de coeur.

La fabrication Française est un plus. Il suscite la curiosité et favorise la discussion autour de votre marque.